Inspirations: Baleines, de Maryse HACHE, et Le Sel de la vie, de Françoise HERITIER

16 Fevrier 2018. Retour
Françoise HERITIER, le sel de la vie, 09/03/2018.

... Retrouver la recette du gâteau de son enfance. Sentir en rentrant du travail les parfums de son plat préféré. Eprouver la fulgurance d'un souvenir inopiné. Chanter très fort et très faux. Déambuler la nuit. Eplucher un oignon sans avoir pleuré. Aller au parc seul. Spéculer sur l'appétit des mouettes du port. Improviser une chorale avec des inconnus. Piquer un bon galop. Sentir des livres. Retrouver un herbier de vacances. Rencontrer une murène. Rater ses macarons. Encore. Entendre par hasard une chanson oubliée. S'endormir au soleil. Finir une installation avec Mr Cangioni. Retrouver son chien. Commander un gâteau et le manger tout seul...

Françoise HERITIER, le sel de la vie, 13/04/2018.

... Ecrire toute une après midi sans réaliser que le temps a passé. Commencer un nouveau roman. S'enrouler dans une couette l'hiver, dos au soleil, sous une fenêtre. Regarder son cousin jeter le figatellu dans la cheminée. Cuire sa compote au four et la laisser embaumer la cuisine. Apprendre à un ami qu'un autre ami est mort. Entendre les hirondelles qui reviennent. Boire le lait frais sous les pis. Humer un parfum de miel. Offrir un supposistoire de l'art. Constater que la première heure du jour est sûrement la plus froide. Trouver des WC après quatre heure d'attente. Jouer avec une seiche. Inventer des dates dans son carnet de bord en sachant pertinement que personne n'est dupe...

Françoise HERITIER, le sel de la vie, 13/04/2018.

...Faire fonctionner son code html du premier coup. Réussir ses macarons. Enfin. Chanter The Wind that Shakes the Barley presque juste. S'asseoir au musée pour regarder les gens qui passent. Ecouter les discours faussement philosophiques. Prendre une douche froide en été. Nager plusieurs heures. Retrouver son cheval préféré à l'entrée du parc. Se rouler dans le maquis sous la pluie. Cuisiner la farine de châtaigne. Manger les beignets de courgette de Nadia. Cueillir la menthe fraîche. Courir au salon du chocolat. Longer la rivière jusqu'à trouver un passage pour la traverser. Découvrir, entre les ronces, les restes d'un vieux caseddu. Laisser couler le jus des pêches le long des bras. Se blesser les mains pour attraper les mûres du haut des bosquets. Rencontrer un renard, et détourner les yeux pour le laisser dispaître...

Françoise HERITIER, le sel de la vie, 13/04/2018.

... Réussir une cession à la jambe. Attrapper son bus de justesse. Halletter comme un âne pour porter tous les sacs au lieu de faire plusieurs voyages. Marcher de Tizzano à Campomoro. Recevoir des nouvelles de gens partis à l'autre bout du monde. Offrir une montagne de cookies. Laisser filer les heures, et ceux qui les comptent. Discuter avec Sophie à la bibliothèque. Passer devant ce livre qu'on aimerait lire depuis des années sans en trouver le temps. Récompenser les succès d'un ami. Accompagner ce même ami vers de nouvelles réussites. Voir les autres, autour de soi, s'épanouir enfin. Perdre les mots devant celui qui manque à sa parole. Laisser son chien partir en balade avec les chiens du voisin. Accorder à chacun la plus absolue des libertés. Jouer avec son poisson rouge...

Baleines, Maryse HACHE.

Les échos du duc glissent du voile poudré des bennes. Des draps roses tendent le ciel sur l'été qui s'éveille. ♦ Les gazouillis des grillons égrennent les heures, et les grives les dérives des courrants des rivières. ♦ Elles chuchottent des secrets et supposent des chemins, s'esquivant, sinueuses, jusqu'aux embruns marins. ♦ Chouette en vadrouille.

Baleines, Maryse HACHE.

L'herbe verte ondule doucement sous les diamants de pluie. ♦ La lumière terne se navre dans les ondulations du vent. ♦ Quelques sursauts de vie soulèvent parfois le coeur des arbustes moribonds. ♦ D'un coup de carabine, l'oiseau est mort. Encore. ♦ L'herbe verte ondule doucement sous le duvet rougis. ♦

Chouette abattue.

Baleines, Maryse HACHE.

Les fruits mûrs pendent comme des seins centenaires ♦ Les bois de cent ans sont des bois de sental, et les écorces leurs parfums portent au loins ♦ Les roulis mâchent sous les mots l'air de l'océan ♦ Le vent se lève ♦ Les voiles se gonflent d'air et les coques se grogent d'or ♦ Il reste, privés des promesses de l'océan, quelques peaux nues que le soleil finit de tanner ♦ Chouette colonisée.

Baleines, Maryse HACHE

Poudre d'or en volutes d'encens vers le ciel chaud s'élève ♦ Poussières fragiles, balayées par les souffles, valsent dans les rayons du jour ♦ Ballerines de sable, insaisissables et légères. Infatiguables ♦ Jusqu'à la mort du jour, dans la lumière solaire, la polka des invisibles se poursuit ♦ Chouette fascinée.

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